Visite du bâtiment d’Oscar Niemeyer

L’OPPIC rénove l’ancien siège du journal L’Humanité

Redonner vie à un bâtiment construit à la fin du XXe siècle, tout en conciliant performance énergétique, économie circulaire et préservation du caractère architectural : voila le défi relevé par l’OPPIC, qui achève actuellement la rénovation du bâtiment Niemeyer, à Saint-Denis.

Le 13 novembre 2024, les adhérents de l’IMOA étaient accueillis à Saint-Denis (93) à l’invitation de l’OPPIC (*), pour une visite du chantier de rénovation du bâtiment Niemeyer. Situé à quelques pas de la Basilique de Saint-Denis, le bâtiment a été construit en 1989 à partir d’un projet réalisé par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, un des représentants du style international, qui s’est imposé au cours du XXe siècle comme un des courants majeurs de l’architecture moderne. On doit également à Oscar Niemeyer le siège du Parti Communiste Français à Paris, la Bourse du travail de Bobigny et la Maison de la culture du Havre. Le bâtiment construit sur une parcelle très contrainte, se distingue par sa forme en Y, mais aussi par ses courbes caractéristiques du style de l’architecte.

Une rénovation complète

Après avoir été le siège du journal L’Humanité pendant 18 ans, le bâtiment Niemeyer est resté longtemps inoccupé. Il fait l’objet depuis trois ans et demi d’un projet de réhabilitation initié par la Préfecture d’Ile-de-France et dont l’OPPIC est le maître d’ouvrage mandataire. Le bâtiment de cinq étages est destiné à accueillir à partir de 2025 les agents de la DRIEETS (**). Au programme : une reprise de désordres structurels, avec notamment une réfection complète de la toiture et un remplacement de la façade, la rénovation complète des espaces intérieurs, mais aussi le remplacement des équipements techniques hors d’usage et la mise aux normes intégrale du bâtiment avec notamment la création d’accès pour personnes à mobilité réduite et d’ouvrants pompiers dans la façade. Au final, il s‘agit d’un projet d’un budget de 42 millions d’euros, financé en intégralité par le Plan France Relance.

  • Gilles Coulon ©
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Un projet atypique

Le projet se distingue tant par son envergure que par les nombreuses contraintes à concilier. En premier lieu, il s’agit d’un des projets les plus ambitieux entrepris par l’OPPIC. C’est aussi un des projets les plus importants du Plan France Relance en Ile-de-France. Par ailleurs, le projet doit tenir compte d’un ensemble de contraintes pas toujours simples à concilier.

« C’est avant tout une opération de rénovation avec des objectifs de performance environnementale assez ambitieux, explique Mathieu Roche, chef de projets à l’OPPIC. Nous visons en effet pour le nouveau bâtiment une consommation énergétique et des émissions de gaz à effet de serre réduits de 40% par rapport au bâtiment d’origine. Nous avons également des objectifs précis en termes réemploi. Notre ambition était dès le départ de réemployer 5 kg de matériaux déposés pour chaque m2 de surface »

. Concrètement, de nombreux éléments déposés ont été soit recyclés dans les filières appropriées (verre, aluminium, menuiseries, etc), soit réemployés sur place ou dans d’autres projets (éléments de sol en marbre, garde-corps, dalles de toiture, notamment). Parallèlement, des contraintes de conservation patrimoniale sont à prendre en compte sur ce bâtiment au caractère architectural affirmé. Situé dans le périmètre de la Basilique de Saint-Denis, le bâtiment Niemeyer a vu sa toiture et sa façade inscrites aux monuments historiques en 2007. Les travaux réalisés dans le cadre du projet de rénovation ont donc fait l’objet d’un suivi rapproché de la DRAC (***). Les demandes de l’organisme ont notamment nécessité des travaux de recherche particulièrement poussés pour élaborer un béton destiné à une partie de la façade, apportant les propriétés mécaniques souhaitées tout en conservant l’aspect et la teinte du béton d’origine. La préfecture d’ile de France , pour sa part, a émis le souhait d’un bâtiment le plus modulaire possible, permettant de reconfigurer et recloisonner facilement les espaces intérieurs. Enfin, l’ambition du projet est de créer un espace ouvert sur la ville, avec des jardins ouverts à la circulation piétonne en journée.

  • Gilles Coulon ©
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Tout changer, sans rien changer

« Il s’agit de tout refaire mais sans rien changer à l’esprit d’origine, résume avec un sourire Mathieu Roche, chef de projets à l’OPPIC. L’objectif est de restituer un bâtiment dans le respect du dessin d’origine de l’œuvre d’Oscar Niemeyer, mais avec des objectifs revus sensiblement à la hausse, tant en termes de performance environnementale que de conformité règlementaire, avec également des impératifs de recyclage et de réemploi pendant toute la phase travaux ».

L’opération a démarré au printemps 2021 par une phase d’étude préalable avec un dialogue compétitif qui a permis la notification d’un marché global de performance en fin d’année 2021, remporté par Eiffage. A compter de cette date les études de conception qui ont durée 1 an et demi ont permis d’aboutir aux travaux de curage début d’année 2023 puis à la rénovation proprement dite à l’été 2023. Aujourd’hui, l’OPPIC termine les travaux, avec l’objectif d’une première livraison début 2025 de la totalité des espaces dédiés aux utilisateurs. Les travaux de cloisonnements, la dépose des bases vie du chantier et le réaménagement de deux locaux extérieurs seront achevés courant 2025, avant l’arrivée des agents de la DRIEETS à la rentrée 2025.

« Le projet allie donc performance environnementale et respect du patrimoine, conclut Mathieu Roche. C’est une approche assez nouvelle, mais qui préfigure une démarche qui sera de plus en plus courante à l’avenir. C’est également un projet qui a donné lieu à un marché global de performance. C’est donc le même groupement qui a pris en charge la conception, la réalisation et le suivi en exploitation maintenance sur 5 ans. Le principe est atypique. Sur ce type d’opération, ces différentes responsabilités font généralement l’objet de lots séparés ».

Signalons pour terminer que le projet a été récompensé par le label BBCA Rénovation au stade conception (niveau standard) en octobre 2024, un prix délivré lors du SIBCA (****) qui distingue les projets immobiliers à faible empreinte carbone.

Edward Lichtner

(*) Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture
(**) Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités
(***) Direction régionale des affaires culturelles
(****) Salon de l’Immobilier Bas Carbone

  • Gilles Coulon ©
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