Rencontre de l’IMOA

Le pilotage environnemental dans les entreprises et dans les projets

Alternant présentations magistrales et tables rondes, la matinée s’est déroulée en deux temps : d’abord, la définition des objectifs environnementaux et la manière de les piloter ; puis, thème par thème – biodiversité, économie circulaire, carbone, énergie –, la présentation d’exemples de pilotage. Le tout ouvrant la question de l’implication collective – Comment embarquer tout le monde ? – laquelle dépasse d’ailleurs le cadre de l’entreprise et des projets, pour envelopper la société tout entière.


Le premier temps – « Pilotage des objectifs environnementaux » – a mis en lumière deux grandes postures.

Les maîtres d’ouvrage qui lient leur stratégie de croissance propre à la prise en compte des enjeux environnementaux : tel RTE qui a mis en place dès 2005 un système de management de l’environnement par l’intermédiaire de la certification ISO-14001 ; telle la RATP dont la politique environnementale est fondée sur la politique RSE de l’entreprise et qui, depuis septembre 2023, inclut les critères environnementaux dans la gouvernance des investissements.

Les maîtres d’ouvrage qui ont recours aux référentiels pour les aider à définir leurs objectifs environnementaux et pour encadrer l’opérationnel : tel l’EPAURIF qui se sert des labels (surtout la démarche BDF avec Ekopolis) pour fixer des objectifs communs avec tous ses maîtres d’ouvrage dans leur grande disparité et de s’y tenir, et aussi pour consolider l’acculturation de l’ensemble du personnel aux enjeux de développement durable ; tel l’APIJ qui a fait le choix de développer ses propres référentiels parce que l’agence construit des objets si spécifiques (palais de justice, prisons) que les objectifs de performance des référentiels existants ne sont pas adaptés (contraintes de sureté, de robustesse des matériaux, etc.) ; tel le CD78 qui a développé un référentiel avec son voisin le CD92 après avoir fait le constat que le recours aux labels n’était pas toujours pertinent dans sa systématisation (l’excellence n’est pas toujours certifiée en phase d’exploitation) et qu’il était nécessaire de traduire concrètement l’ambition environnementale du département de façon cohérente avec un référentiel sur mesure, adapté au territoire.


Le second temps de la matinée – « Exemple de pilotage de grands projets » – a fait découvrir la diversité des sujets et des problématiques auxquels les maîtres d’ouvrage étaient confrontés.

Où l’on a appris :

  • que les enjeux de biodiversité étaient, chez SNCF-Réseau, pris en compte dans les travaux et intégré dans les plans de maintenance – ce qui oblige à une formation ciblée des agents qui doivent gérer des situations compliquées, quand, par exemple, la réglementation qui oblige à débroussailler le long des voies de chemin de fer, est incompatible avec les périodes d’hibernation des chauves-souris ou de reproduction des reptiles ou autres spécimens de faune sauvage ;
  • que la RATP mesurait les co-bénéfices entre une parcelle qui doit accueillir un programme immobilier et la biodiversité, à partir de cinq groupes d’indicateurs (contexte environnemental, accueil de la biodiversité, carbone, îlot de chaleur urbain, biophilie), faisant ainsi la découverte que les potentiels des sites urbains a priori « pauvres » en biodiversité était immense ;
  • que RTE développait un plan d’action d’économie circulaire pour répondre à un besoin croissant de matière et de matériaux dans un contexte de production et d’approvisionnement fluctuant ;
  • qu’ADP mettait en place une comptabilité carbone des projets en lien direct avec la stratégie du groupe ;
  • que le CD78, pour répondre aux exigences du décret tertiaire a soumis 90 % de son parc bâtimentaire à un audit énergétique qui représente un vivier d’informations inestimable ;
  • que le CD92 s’appuyait de façon privilégiée sur les marchés globaux de performance pour simplifier la démarche d’expression de la performance attendue dans les marchés ;
  • que l’APIJ s’était engagée récemment dans une démarche de commissionnement pour s’assurer que le résultat final soit à la hauteur des objectifs du programme ;
  • que l’OPPIC a embarqué, sans y être contraint, ses projets et ses maîtres d’œuvre dans une trajectoire de performance environnementale avec un niveau d’ambition élevé, ce qui représente un bouleversement culturel.

Les participants à cette troisième Rencontre de l’IMOA étaient nombreux, une centaine (le présentiel était une condition sine qua non). Après s’être écouté les uns les autres, ils ont prolongé les échanges autour d’un buffet.