Invité avec l’OPPIC : Bruno Gaudin, architecte

Adapter le bâti et préserver le patrimoine : l’exemple de la BNF

Informations Article
Les invités de l’IMOA

Introduite par Valérie Forey, directrice générale de l’OPPIC, la conférence de Bruno Gaudin a réuni une vingtaine d’adhérents de l’IMOA dans l’amphithéâtre feutré des Archives nationales dans le Marais et une quarantaine à distance en visio. Bruno Gaudin s’est présenté comme n’étant pas architecte du patrimoine, même si avec son équipe il a œuvré à de nombreuses restructurations. Il s’est dit attaché à ce double regard qu’a nourri son travail d’architecte en construction neuve et en restructuration. Dans son récit sur la restructuration du site Richelieu de la BNF, il a insisté sur l’importance de se plonger dans la compréhension historique. Ce que l’étude patrimoniale minutieuse du site a permis. Comprendre les grandes forces à l’œuvre dans les transformations du bâti est, aux dires de l’architecte, un préalable incontournable. Dans le cas de l’îlot Richelieu, ces transformations se sont échelonnées du XVIIe siècle aux années 1980, témoins d’une histoire tout aussi architecturale qu’urbaine et de l’histoire des bibliothèques. Bruno Gaudin a expliqué avoir abordé les espaces dont il avait la charge comme des espaces patrimoniaux (les autres étant pris en main par l’architecte MH, telle la salle Labrouste et deux galeries construites par Mansart).

Le programme du site Richelieu a ceci de spécifique qu’il est destiné à trois institutions : la BNF et ses départements, l’Institut national de l’histoire de l’art (INHA) et l’École des Chartes, les unes et les autres n’ayant aucun lien entre elles. Comment faire ? D’emblée le mot transversalité s’est imposé. Transversalité culturelle d’abord, puisqu’il s’agit d’offrir les conditions d’une synergie possible entre les institutions ou les départements ; transversalité spatiale ensuite, qui en découle. Pour ce faire, la recherche du vide a été le point de bascule pour construire de nouvelles distributions, celles-ci ayant valeur symbolique et pratique. L’enjeu a dès lors consisté à trouver des interstices, des entre-deux, à rechercher le vide, précieux pour conquérir des espaces de distributions. Et l’architecte de raconter la bataille qu’il a menée pour défendre son projet : pas facile de fédérer autour de l’idée de dédensifier quand les départements de la BNF anticipaient un accroissement sur 20 ans. Résultat : des distributions verticales avec des escaliers reconstruits en métal (pour donner à voir le vide, faire passer la lumière, mettre en relation), des distributions horizontales à la fois fonctionnelles et visuelles, et une nouvelle entrée pour l’ensemble. Enfin, l’architecte a détaillé le parti adopté pour le magasin – espace caché devenu salle de lecture –, preuve d’une nouvelle manière de penser l’architecture au travers de son programme.

Olivia Barbet-Massin