Le 5 mars 2025, après une visite du Village des Athlètes, à Saint-Denis, les adhérents de l’IMOA ont poursuivi leur journée par une visite du Centre Aquatique Olympique Métropole du Grand Paris, actuellement en pleine reconversion après avoir accueilli les épreuves de plongeon, de water-polo et de natation artistique lors des JO.
L’objectif ? Faire de ce centre aquatique une infrastructure multi-sports capable d’accueillir les athlètes de haut-niveau en période de compétition comme le grand public en Héritage (scolaires, clubs et loisirs).
Désenclaver un territoire
Le Centre Aquatique Olympique Métropole du Grand Paris se situe dans la ZAC Plaine Saulnier, un ancien site industriel de 12,5 hectares occupé par Engie, avant d’être racheté en 2019 par la Métropole du Grand Paris. Le CAO s’intègre dans un projet d’aménagement urbain visant à désenclaver les quartiers de la Plaine Saint-Denis et de Pleyel, jusqu’à présent séparés du centre ville de Saint-Denis.
Le projet a porté dans un premier temps sur la création d’une infrastructure sportive pour les JO de Paris 2024 ainsi que d’un franchissement cycliste et piétonnier surplombant l’A1 et reliant la Plaine Saulnier au parvis du Stade de France.
Dans un second temps, la ZAC poursuivra ses aménagements pour devenir un nouveau quartier associant centre aquatique, logements, bureaux, commerces et espaces verts. Un objectif commun, partagé avec le CAO : préfigurer la métropole post-carbone en intégrant les défis du changement climatique aux aménagements.
Après les JO, la phase héritage
Le CAO est un projet d’un budget total de 151 M€ (phase olympique et phase héritage), financé par la Métropole du Grand Paris, la SOLIDEO (*), la Région Île-de-France et la Ville de Paris. La construction a démarré à l’été 2021. Le bâtiment, dans sa configuration olympique, a été livré en mars 2024 et inauguré début avril, en amont des JO.
La phase héritage a démarré rapidement après la fin des Jeux. Au programme : la suppression d’une partie des tribunes et la création de neuf pistes de padel (trois en intérieur, six en extérieur), d’une salle d’escalade, d’une salle de fitness, d’une recyclerie sportive et d’un espace de restauration. Le centre sportif comporte quatre bassins : un bassin principal de 50m, un bassin de plongeon, un bassin d’apprentissage de 25m et un bassin aqualudique. Le bassin principal et le bassin de plongeon sont en réalité un seul et même bassin de 70m, dont la configuration peut être modifiée par le déplacement d’une cloison mobile.
Ces différents équipements sont complétés par une salle d’entraînement au plongeon, avec trampolines et bacs de réception en mousse (moins impactant qu’une réception dans l’eau), construite pour la phase JO et qui restera dans sa configuration actuelle pour les besoins du pôle plongeon de la Fédération Française de Natation (FFN). Des locaux seront également aménagés pour la FFN au sein du bâtiment.
Economiser l’eau et l’énergie
La CAO se veut exemplaire, tant en termes d’éco-conception que de sobriété environnementale. Un objectif atteint grâce à un ensemble d’innovations pensées pour limiter la consommation d’énergie et le rejet de polluants. En premier lieu, la toiture concave a été conçue pour réduire le volume d’air intérieur. « Près de 55% de l’énergie de chauffage d’une piscine est typiquement consommée pour le chauffage de l’air intérieur, rappelle la Métropole du Grand Paris. Seulement 45% est utilisé pour chauffer l’eau des bassins. La forme étudiée de la toiture du CAO, au-delà du geste architectural, permet d’économiser 20% de l’énergie de chauffage ». La modularité du bassin principal (la configuration mais aussi la profondeur du bassin peuvent être adaptées aux activités en cours) permet aussi de réduire sensiblement la quantité d’énergie nécessaire au chauffage de l’eau.
D’une façon globale, 90% de l’énergie utilisée par le CAO est soit renouvelable soit de récupération. Ainsi, une large part de la chaleur nécessaire est récupérée d’un data center localisé à proximité. Et une ferme solaire en toiture du CAO permet de produire en été jusqu’à 25% de l’énergie totale consommée.
Le traitement de l’eau a également fait l’objet d’une attention particulière. Ainsi, un système innovant de déchloraminateur à UV permet d’éliminer les chloramines produites par la dégradation du chlore et des sécrétions cutanées des nageurs. L’eau traitée peut ainsi être réutilisée en bassin. _ _ Le principe permet par ailleurs de limiter le volume de chlore nécessaire. Les eaux grises issues des systèmes de filtration, une fois traitées, pourront quant à elles être utilisées pour le nettoyage du site et l’irrigation des espaces verts qui seront aménagés à proximité. Au total, 50% de l’eau utilisée par le CAO est récupérable.
Un accent sur le recyclage
L’aménagement intérieur du CAO valorise les produits recyclés et issus du réemploi. En particulier, les sièges des tribunes ont été produits à partir de matériaux plastiques recyclés, permettant la valorisation de 30 tonnes de déchets plastiques locaux.
Les opérations d’aménagement en cours sont déjà bien avancées pour une ouverture au public prévue pour début juin 2025. La construction du nouveau quartier sur la ZAC Plaine Saulnier se déroulera quant à elle jusqu’en 2032.
Edward LICHTNER
(*) Société de Livraison des Ouvrages Olympiques, structure créée dans le cadre de la candidature de Paris aux JO, en charge de réaliser les quelque 70 ouvrages à construire pour les Jeux de Paris 2024.