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Elles voient passer 30% du trafic fluvial hexagonal. Les deux écluses installées côte à côte sur une boucle de la Seine, à Méricourt, entre Paris et Rouen, font transiter chaque semaine quelque 260 bateaux. « Chaque année, ce sont des millions de tonnes de marchandises qui transitent par ces écluses, affirme Olivier Vermorel, directeur de l’ingénierie et de la maîtrise d’ouvrage, VnF. Elles contribuent ainsi sensiblement à la réduction du trafic routier francilien et des émissions de gaz à effet de serre associées ».
Mais ces écluses datant de 1960 ont nécessité d’importants travaux, d’une part pour garantir la fiabilité de leur fonctionnement et d’autre part pour les adapter au trafic fluvial actuel. « Nous avions plusieurs objectifs, résume Olivier Vermorel. Il s’agissait d’un part de rénover ces écluses anciennes, dont les sas étaient en mauvais état. En particulier, l’écluse n°2 est équipée en aval d’une porte levante d’une typologie un peu particulière et potentiellement sujette à des soucis d’exploitation. Par ailleurs, les deux écluses n’avaient pas la même longueur. Si l’écluse n°2 fait 185m de long, l’écluse n°1 faisait 160m avant travaux et ne pouvait accueillir les convois les plus longs. Nous avons profité de l’opération de rénovation pour allonger l’écluse n°1 afin de disposer de deux écluses de 185m, permettant de sécuriser la circulation des convois longs en période de maintenance de l’une ou l’autre des écluses ».
Des travaux d’envergure
Les études ont démarré en 2012, pilotées par VnF, maître d’ouvrage de l’opération. En 2019, VnF a confié la conception et la réalisation des travaux de rénovation et d’allongement à Bouygues Travaux Publics Régions France. L’opération a été menée en trois temps, afin de maintenir la circulation fluviale sur la Seine durant toute la durée du chantier.
Les travaux ont démarré en mai 2020. La première étape a été en 2021 l’allongement de 25m de la tête aval de l’écluse n°1. Ensuite, en 2022, les portes rénovées de l’écluse n°1 ont été posées. En 2022, l’écluse n°1 était rendue partiellement à la navigation et les travaux ont commencé sur l’écluse n°2. Les années 2022 et 2023 ont vu le battage des nouveaux rideaux de palplanches, la pose des nouvelles portes amont rénovées et la pose de la porte levante rénovée à l’aval de l’écluse. En septembre 2023, les travaux de l’écluse n°2 ont pris fin et la seconde phase de rénovation de l’écluse n°1 a démarré. Au premier semestre 2024, les travaux sur les bajoyers de l’écluse n°1 ont été finalisés et les deux écluses ont été rendues à la navigation en juin 2024.
C’est une opération de 92 M€ qui a ainsi eu lieu à Méricourt, co-financée par la Région Ile-de-France (15 M€), l’Union européenne (35 M€), les 42 M€ restants étant pris en charge par l’État et VnF.
Le choix de la conception réalisation
Au-delà de la typologie même du chantier, l’opération se distingue par le mode de dévolution choisi.
« VnF est un établissement public avec un long historique de contrats loi MOP, rappelle Olivier Vermorel. Mais nous nous sommes rendu compte au fil de nos études et de nos réflexions qu’il n’était pas pertinent de partir sur un contrat loi MOP pour cette opération, en particulier pour le phasage en trois étapes envisagé pour permettre le maintien de la navigation et pour tenir un délai global compatible avec nos impératifs. Un marché de conception réalisation est apparu comme plus approprié, même si ce type de contrat est très inhabituel pour VnF. »
Pour Bouygues Travaux Publics Régions France, un tel contrat représentait également un enjeu. « Bouygues travaillait déjà de façon récurrente avec VnF, mais sur des marchés classiques loi MOP ou des marchés à bon de commande, affirme Matthieu Harel, directeur de production, Bouygues TPRF. Mais nous n’avions jamais travaillé pour VnF en conception réalisation. C’était une première. La principale différence avec ce type de contrat est le niveau d’engagement. Par rapport à un marché loi MOP pour lequel on engage des frais d’études limités, un marché en conception réalisation représente un engagement financier beaucoup plus lourd, environ 1 M€ dans le cas présent. Il faut donc être sûr de pouvoir présenter une offre technique et financière susceptible de remporter l’appel d’offres. Il faut également trouver un concepteur fiable capable de nous accompagner tout au long d’un tel projet. Nous avons fait appel à BRL Ingénierie pour cette opération. Enfin, il est nécessaire de très bien cadrer les risques. Pour les écluses de Méricourt, le site était exploité, ce qui nécessitait d’avoir en permanence l’une des deux écluses en fonctionnement. Le contrat prévoyait de fortes pénalités en cas d’arrêt de la circulation fluviale. Enfin, Il y avait à notre charge la fiabilisation de la porte levante de l’écluse n°2 pour garantir qu’une éventuelle panne ne bloquerait pas la navigation en phase travaux sur l’écluse n°1. C’est pourquoi nous avons dû porter un soin particulier à l’élaboration d’une matrice de risques adaptée, laquelle représentait environ 5% du montant de conception travaux. ».
À l’issue de cette opération de quatre ans, les deux parties se montrent satisfaites du type de contrat choisi. « Nous réfléchissons aujourd’hui à poursuivre l’utilisation de ce type de contrat sur d’autres projets, conclut Olivier Vermorel. Nous avons déjà arrêté ce choix pour un projet à venir sur un barrage. Pour les sujets qui émergent, les alternatives aux contrats classiques loi MOP sont étudiées de près ».
VnF en chiffres
- 6700 km de voies navigables gérées (sur 8500 km de voies existantes en France)
- 40000 ha de domaine public fluvial
- 4000 collaborateurs, dont 89% d’agents publics et 11% de salariés privés
- 7 directions régionales
- 4000 ouvrages d’art (écluses, barrages, pont-canaux…)
Une direction de l’ingénierie et de la maîtrise d’ouvrage avec :
- 130 collaborateurs répartis entre 7 unités opérationnelles
- 700 opérations de modernisation ou de développement d’infrastructures en cours
- 2 milliards d’euros d’investissements sur 10 ans
- Des opérations de 5 à 450 millions d’euros chacune