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L’IMOA a accueilli le 29 mars 2024 Grégoire Boutignon, le directeur opérationnel de Tisséo Ingénierie, société publique locale qui assure la maîtrise d’ouvrage déléguée de la ligne C du métro toulousain, en construction jusqu’en 2028.
Construire (ou pas) une troisième ligne de métro est un enjeu fort de la campagne municipale de 2014 à Toulouse. Finalement, l’équipe sortie victorieuse des urnes valide le choix d’une ligne C de métro pour desservir les pôles d’emplois aéronautique et spatial mais aussi de futurs pôles urbains, dans un contexte de surcharge des infrastructures routières et de forte croissance démographique.
Les collectivités concernées, Toulouse Métropole mais aussi la communauté d’agglomération du Sud-Est toulousain (Sicoval) et plusieurs communes, forment ensemble Tisséo Collectivités. Cette MOA choisit une société publique locale, Tisséo Ingénierie, pour assurer la maîtrise d’ouvrage déléguée de ce projet à 3,15 milliards d’euros (euros 2017), pour trois quarts financés par l’emprunt. Ce choix d’une SPL pour le déploiement des 27 kilomètres de ligne nouvelle, dont 80% en souterrain, est loin d’être neutre. De manière générale, cela avantage le projet, mais les échéances électorales peuvent aussi compliquer la donne et cela demande de toute façon à l’entreprise de trouver un mode de fonctionnement spécifique avec les services des collectivités concernées.
Le projet doit également composer avec plusieurs aléas : un appel d’offres infructueux qu’il faut relancer, le besoin pour les collectivités d’étaler les dépenses face aux difficultés financières liées au covid, ou encore différents recours, à lever un à un. La livraison du projet se retrouve ainsi décalée de 2024 à 2028.
Après deux ans d’études et un débat public mené en 2016, le programme - et notamment le tracé - est toutefois établi dès juillet 2017. Les enquêtes publiques qui suivent sont dissociées : la première pour la DUP en 2019 précède celle pour l’autorisation environnementale en 2022. Les travaux démarrent en avril de cette année-là et se poursuivent actuellement. Vingt-et-une futures stations sortiront de terre, certaines en interconnexion avec le train, le métro ou le tram.
Est aussi prévue la construction de plusieurs ouvrages de franchissement, dont l’un, d’une portée de 230 mètres, passe au-dessus de l’A61. La mort accidentelle d’un ouvrier sur un viaduc du métro aérien en construction à Labège, au sud-est de la future ligne, le 4 mars 2024, a suscité une très vive émotion, mais ne remet en cause ni ce type d’ouvrages ni le planning global de l’opération.
Parmi les défis qu’aura également dû relever la société jusqu’ici : un passage de 30 à 90 employés, qui n’a rien d’évident sur les plans organisationnel et managérial. Tisséo Ingénierie a recruté des talents extérieurs, lesquels ont dû s’intégrer aux équipes déjà présentes sur place. Plusieurs années auront été nécessaires avant de trouver un fonctionnement optimal.
La question du maintien du personnel très expérimenté se pose d’ailleurs à nouveau, à quatre ans de la livraison de l’infrastructure. Officiellement, la société publique locale, qui a déjà construit les deux autres lignes de métro, une ligne de tramway et même le téléphérique urbain Téléo, n’a pas d’autres commandes pour la suite. Néanmoins, Tisséo Ingénierie affûte ses arguments dans le contexte de métros à construire dans d’autres agglomérations de l’Ouest, et du développement des RER métropolitains.
Parmi ses arguments : une forte expérience et une conduite de projet locale, mais aussi des ambitions environnementales fortes, dont elle fait un marqueur fort. La démarche d’éco-conception des premières années a été suivie d’une certification HQE pour la ligne C, officiellement obtenue en octobre 2023. La société a notamment mis l’accent sur les questions de mobilité et d’accessibilité, sur les enjeux de santé et de confort, d’énergie et climat, de biodiversité, des ressources et des déchets.