Le 12 octobre, la deuxième édition des « Entretiens de la maîtrise d’ouvrage » a invité deux maîtres d’ouvrage qui œuvrent à la reconfiguration de leurs espaces de travail. Et pour cause : depuis qu’ils télétravaillent, les salariés attendent davantage du lieudit bureau alors qu’ils y viennent moins. Comment faire face à ce paradoxe ? 50 % des bureaux sont vides en effet : perte d’attractivité, perte d’efficacité, coûts inutiles… Les espaces de travail sont « condamnés » à évoluer.
Bruno Cornen, directeur de programme Éco-bureaux pour le Service national d’ingénierie aéroportuaire de la Direction générale de l’aviation civile, et Romary Boutot, directeur des bâtiments au Conseil départemental des Yvelines, ont raconté leur expérience et les défis auxquels ils sont confrontés. L’un, le SNIA, a fait de l’intégration de la circulaire du Premier ministre enjoignant les services de l’État à basculer vers de nouveaux bureaux l’élément fondateur d’une stratégie immobilière globale ; cela à partir d’un premier (petit) projet pilote de flex office qui n’offre aucun bureau individuel. L’autre, le CD78, s’apprête à notifier un marché de conception-réalisation pour réaménager un bâtiment à Versailles. L’enjeu est ici celui du recrutement : réintégrer un site plus attractif, près d’une gare, et proposer des flex office (plutôt que des open space) pour attirer de nouveaux collaborateurs.
Tous deux l’affirment, rien ne peut se faire sans une concertation attentive. Et cela prend du temps. Postes nomades, lieux d’échanges ouverts, salles de créativité, postes de retrait, cabines téléphoniques… s’il est séduisant a priori de jongler entre différents espaces dans une même journée (tel est le but du flex office), cela suscite de nombreuses craintes. Craintes légitimes : le bruit, la dépersonnalisation, la mobilité contrainte, les nouveaux savoir-vivre liés à la mutualisation des espaces, le besoin de reconnaissance (puisque je n’ai plus de place attitrée, où est ma place dans l’entreprise ?).
Si les conditions de travail des collaborateurs sont une priorité, l’évolution des espaces de bureaux est également motivée par la rénovation énergétique des patrimoines immobiliers. Cela avec l’objectif de diminuer de 40 % les dépenses énergétiques à l’horizon 2030. Au SNIA comme au CD78, les nouveaux aménagements intérieurs sont associés à un travail sur l’amélioration des performances thermiques de l’enveloppe extérieure. Les deux réflexions et approches ne sont pas antinomiques, loin de là, elles sont imbriquées. Joindre l’utile à l’agréable pourrait-on dire.
Et Camille Rabineau, modératrice, consultante dans l’accompagnement des projets de réaménagements de bureaux, de conclure sur la fabuleuse richesse et pluridisciplinarité qui touche l’environnement de travail aujourd’hui. Tous les sujets sont abordés : le bâtiment, la technique, l’aménagement intérieur, la performance environnementale, le climat social, la transformation des organisations de travail, bref l’évolution individuelle et collective face au changement…