Le 1er octobre 2025, les adhérents de l’IMOA ont été reçus à Rueil, à l’invitation de la DIE-PP, pour visiter un tout nouveau centre de secours mis en service quelques mois plus tôt le 5 mai 2025.
Le nouveau centre vient remplacer une ancienne caserne localisée à Rueil, construite après la guerre. L’objectif était de proposer une infrastructure avec des équipements à jour et d’augmenter les capacités pour accompagner la densification urbaine et anticiper d’éventuels regroupements à venir. La nouvelle infrastructure est le résultat d’une initiative conjointe de la DIE-PP et de la BSPP (Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris). Elle est localisée dans la ZAC de l’Arsenal, sur un terrain appartenant à la Ville de Paris. C’est la plus importante caserne livrée au cours des sept dernières années en Île-de-France.
Gilles Coulon ©
Une infrastructure aux meilleurs standards
L’infrastructure réunit un bâtiment caserne de 3300 m2 construit sur trois étages et un bâtiment d’habitation adjacent de 3100 m2 sur cinq étages. Le bâtiment caserne comprend au rez-de-chaussée le PVO (Poste de Veille Opérationnelle), le hangar pour les véhicules d’intervention et différents locaux techniques. En étages : un espace nuit, les espaces de vie (la cuisine, le mess…) et des salles de réunion. Le bâtiment d’habitation regroupe 33 logements du T2 au T5 pour les pompiers et leurs familles. Une tour d’exercice et une cour d’évolution de 1100 m2 complètent l’infrastructure, permettant d’entraîner les pompiers à différents scénarios d’intervention.
Le projet a démarré en avril 2018 et le concours d’architecture s’est terminé en septembre 2019. Les études de conception se sont déroulées de 2020 à 2022. Les travaux ont démarré en octobre 2022 et sont arrivés à terme en avril 2025. La maîtrise d’ouvrage était entre les mains de la DIE-PP. La maîtrise d’œuvre était assurée par les deux architectes en charge : le français Patriarche et l’allemand Plan 2, à Munich. Plusieurs bureaux d’études ont été sollicités, dont Elcimaï pour les fluides et Terrell pour la structure. Les principales entreprises prestataires étaient Léon Grosse pour le macro-lot, Charpentier pour la CVC-plomberie et Novelec pour l’électricité.
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Une construction en planchers bois et panneaux FOB
Le nouveau centre de secours est installé dans un éco-quartier, motivant des initiatives particulières en termes de développement durable et de gestion de l’énergie, comme une isolation renforcée des bâtiments, la récupération des eaux de pluie, ou encore l’utilisation du photovoltaïque. Employer pour la construction une part significative de matériaux bio-sourcés était également un impératif. « Nous avons pris le parti de joueur pleinement la carte environnementale sur ce projet en promouvant des solutions originales, explique Romain Reuther, chef de projet à la DIE-PP. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi pour le bâtiment d’habitation une construction à ossature bois ». Les logements sont ainsi construits autour d’un noyau central en béton dans lequel sont logées la cage d’escalier et la cage d’ascenseur. Autour de cette partie centrale vient s’assembler la structure en bois du bâtiment. La façade, quant à elle est composées de panneaux FOB (Façade à Ossature Bois) avec un remplissage paille. « La solution admet du pour et du contre, souligne Romain Reuther. Le pour est une façade hautement isolée, avec une grande inertie thermique, composée de matériaux naturels. La consommation d’énergie est donc très faible en exploitation. Le contre vient essentiellement de la nécessité de protéger le bois et la paille de l’humidité et du feu. Or la membrane utilisée pour isoler les matériaux est fragile. Les panneaux FOB étant construits en usine et livrés assemblés, la membrane peut être facilement endommagée pendant le transport ou la pose sur le bâtiment. La pose elle-même est assez complexe et encore peu maîtrisée par les entreprises prestataires. Par ailleurs, la méthodologie de fabrication des panneaux FOB à remplissage paille n’est pas standardisée et nécessite elle-aussi une maîtrise que tous les prestataires n’ont pas. Le remplissage paille, notamment, se fait à la main, avec une compacité qui doit être uniforme. Le risque est un décalage de calendrier si le procédé de fabrication n’a pas été bien anticipé par l’industriel en charge. Si c’était à refaire, nous demanderions aux entreprises plus de preuves de compétence en amont ». Enfin, en cas de déconstruction, les procédés de tri et de recyclage sont plus complexes que pour des matériaux de construction classiques.
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Des panneaux en verre cellulaire type Foamglas® en toiture-terrasse
Autre élément de conception original : l’utilisation de panneaux en verre cellulaire en toiture-terrasse, pour l’isolation thermique. « La solution nous a été suggérée par notre architecte allemand Plan 2, poursuit Romain Reuther. C’est une solution très pérenne, apportant un très haut niveau d’inertie à l’eau et au feu. C’est un matériau idéal et hautement recyclable, sans pollution plastique. Mais la fabrication est cependant très énergivore ».
En définitive, le centre de secours de Rueil apparaît comme une expérience réussie, mettant en lumière des solutions de construction encore peu utilisées en France à ce stade mais qui pourraient bien faire école à l’avenir.