C’est un véritable voyage dans le temps dans lequel s’est engagé l’OPPIC à la demande de l’Opéra national de Paris, sur un monument édifié en 1875. Au programme : la rénovation de l’ensemble de la façade sud du Palais Garnier, donnant sur l’avenue de l’Opéra, la précédente rénovation remontant à 2000. « Les éléments de la façade souffrent de la pollution, de chocs thermiques importants du fait d’une exposition plein sud et de l’usure des matériaux ayant entraîné des désordres structurels, résume Cécile Taïx, chef de projet à l’OPPIC, qui pilote l’opération. Des travaux de fond étaient nécessaires pour éviter les risques liés à la sécurité des personnes et pour garantir la pérennité du monument ».
Gilles Coulon ©
Des travaux d’envergure
C’est en 2020 que le projet a été lancé, avec un ambitieux programme comportant le nettoyage, la dépollution et le déplombage des éléments de façade, puis le remplacement des éléments dégradés et la restauration des dorures, des éléments sculptés et des sculptures. Au programme également : la révision et le complément des dorures des grilles du péristyle, des lettrages, bustes et chapiteaux, mais aussi la révision des parements en pierre, en marbre et en mosaïques, ainsi que la révision des chêneaux de l’attique et de ceux de la loggia. Pour terminer : le traitement anti-graffiti du soubassement et l’installation d’un système de protection anti-pigeons.
Le projet est sous maîtrise d’ouvrage de l’Opéra national de Paris, avec une maîtrise d’ouvrage déléguée confiée à l’OPPIC. La maîtrise d’œuvre est assurée par l’architecte en chef des monuments historiques Pascal Prunet.
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Des pathologies à traiter
Les études se sont déroulées de 2020 à 2022. L’échafaudage a été installé en début d’année 2023, masqué par une large bâche publicitaire couvrant l’ensemble de la surface du chantier. Un premier état sanitaire a été réalisé d’avril à juin 2023, suivi par des travaux de nettoyage et de décontamination de juillet à fin octobre 2023. C’est alors que les travaux de rénovation proprement dits ont pu s’engager.
Mais l’état sanitaire a révélé un ensemble de pathologies qui n’avaient pas encore été identifiées et devant être impérativement traitées, impactant sensiblement le calendrier et le budget du projet. En particulier, la corniche localisée en haut de la façade, sur toute la largeur de l’ouvrage, doit être rénovée, une opération qui n’était pas prévue à l’origine.
« Intervenir sur un monument comme l’Opéra national de Paris s’accompagne de contraintes spécifiques, explique Cécile Taïx. En particulier la grande multiplicité des éléments de la façade nous a amené à travailler avec une cinquantaine de types de pierre et de marbre, d’origines variées, dont certains sont issus de carrières aujourd’hui épuisées. Un effort important a donc été nécessaire pour retrouver des pierres s’intégrant de façon cohérente avec les pierres existantes. L’enjeu pour nous a été de conserver un aspect visuel et un rendu uniforme sur l’ensemble de la façade, tout en renforçant et en protégeant les pierres existantes ».
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Une corniche à restaurer
Les travaux de restauration proprement dits ont démarré au dernier trimestre 2023, avec notamment un protocole plomb renforcé mis en place dès le départ, avec un suivi assuré par l’ARS1 pour s’assurer que les travaux soient le moins émissifs possibles. D’une façon plus large, les activités des entreprises intervenant sur le chantier sont encadrées par une charte « chantier à faibles nuisances » afin d’inscrire ce projet dans une démarche de respect de l’environnement.
Aujourd’hui, une grande part des travaux est terminée. « Nous portons désormais notre attention sur la corniche, dont les travaux ont démarré en octobre 2025, après extension de l’échafaudage au droit des masques de l’attique, affirme Cécile Taïx. Les masques ont d’ores et déjà été démontés et sont actuellement en cours de restauration. Ils seront reposés sur la corniche avant la fin de l’année 2026 ».
Le reste du calendrier prévoit le démontage d’une partie de l’échafaudage, puis une intervention sur les consoles et les clés de voûte. L’ensemble des travaux devrait arriver à terme d’ici la fin de l’année 2027.
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